Philippe Scialom - Psychologue Psychothérapie - Psychologie - Psychanalyse - Psychomotricité Enseignement - Cours - Articles - Guidance - Informations - Aides Parents - Enfants - Ados - Etudiants
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8 NOTES DE LECTURES, COMMENTAIRES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Vous trouverez ces notes de lectures plus bas et classés dans le même ordre :

 

1 Ph. Scialom et F. Devillers: Difficultés scolaires ? Solutions au cas par cas.

2 E. Pireyre: Clinique de l'image du corps.

3 Nasio J-D: Mon corps et ses images.

4 J. J. Baranes: Les balafrés du divan -Essai sur les symbolisations plurielles

5 P. Fonagy : Théorie de l’attachement et psychanalyse.

6 J. Altounian: La survivance - Traduire le trauma collectif

7 C. Marcilhacy (Ouv. collectif) : Le dessin et l'écriture dans l'acte clinique. De la trace au code.

8 E. Odier, On devient comme on dessine : l’atelier d’expression graphique, cndp collection idea, Grenoble. Ou : Se construire par les arts plastiques, l'atelier d'expression graphique, Savoir communiquer, chronique sociale, 2007





 

JANVIER 2011

 

Philippe Scialom et Françoise Devillers

 

DIFFICULTES SCOLAIRES ?

Solutions au cas par cas

 

Hachette Pratique.

 

Enfin un ouvrage concret et pratique qui se place du point de vue des parents pour aborder les problèmes scolaires des enfants et ados.

 

Le Guide Difficultés  scolaires ? Les solutions au cas par cas passe en revue les troubles les plus fréquemment rencontrés au Primaire et au Collège (dyslexie, dyspraxie, agitation, refus scolaire, décrochage…).

Construit à partir d’histoires familiales réelles, il accompagne les parents étape par étape, dès le moment où l’école les alerte et leur indique la marche à suivre et des moyens concrets pour faire face: qui peut les aider ?

Un salutaire livre d’aiguillage qui évitera aux parents le parcours du combattant habituel: les mois d’éparpillement d’un spécialiste à l’autre et les fausses pistes.

 

L’ouvrage est en 2 parties:

 

1ère partie: un guide répertoire qui recense les différentes professions spécialistes de l’enfance, leurs fonctions, leurs rôles. A quoi sert un psychothérapeute ? Un psychomotricien ? Un pédopsychiatre ? Qui fait quoi, dans quel cas ? Que peut-on lui demander ? Comment trouver le bon ? Comment lui poser les bonnes questions ?

 

2ème partie: 5 difficultés scolaires et troubles d’apprentissage parmi les plus courants, passés au crible à travers des récits narratifs et suffisamment universels pour que les parents se les réapproprient. A partir de ces histoires vécues, les auteurs proposent des réponses et guident pas à pas les parents démunis depuis le «diagnostic» jusqu’à la prise en charge du trouble: à quel spécialiste s’adresser ? Comment prendre la bonne piste ?... Leur enfant est peut-être DYSPRAXIQUE…. Comment réagir face à ce trouble fréquent (un élève par classe) mais encore si mal connu ? Commet détecter le problème à temps ? Faire faire le bon diagnostic ?

Un petit  manuel qui s’adresse directement aux parents et qui aborde les problèmes scolaires à la fois sous l’angle de la psychologie, l’éducation et la santé.

 

Les auteurs:

 

PhilippeScialom est psychologue clinicien et psychothérapeute. Il travaille auprès d’enfants depuis 30 ans et enseigne la Psychologie depuis 13 ans. Il est l’auteur de Pièges à parents. Les séances d’un psychologue (2003, L’Archipel)

Et Psycho-Ados : Lâchez-moi, mais ne me Laissez pas tomber ! (2005, L’Archipel).

 

Françoise Devillers est journaliste spécialisée en psychologie de l’enfant. Elle est responsable de la rubrique «Education» au magazine Avantages et a co-écrit Peur du noir, monstres et cauchemars (Albin Michel, 2009).

 

DIFFICULTES SCOLAIRES : Les solutions au cas par cas 5-15 ans Philippe Scialom et Françoise Devillers

130 x 200 mm

240 pages

7,90 €

Parution le 5 janvier 2011

43 quai de Grenelle

75905 Paris Cedex 15

Responsable Relations Presse : Johanna Rodrigue

Attachée de presse : Mathilde Quenardel

Assistées de Julie Bauchart

Tél. : 01 43 92 32 48 -Fax : 01 43 92 30 39

E-mail : jrodrigue@hachette-livre.fr

mquenardel@hachette-livre.fr

Site : www.hachette-pratique.com

Belgique : Martine Dufranne-Levens

Tél :               00 32 2 347 68 38         00 32 2 347 68 38

 

 

A propos de la sortie du livre d'Eric PIREYRE: "Clinique de l'image du corps", Dunod 23 février 2011

 

Eric Pireyre est psychomotricien. Il a passé son diplôme d'état en 1984 après ses études à l'ISRP Paris. Il a occupé son premier poste dans un service de pédiatrie de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris. Son temps était partagé entre les unités d'hospitalisation et la consultation. L'exercice professionnel dans ces deux domaines s'est révélé pour lui très complémentaire. Ses intérêts l'ont porté vers l'unité de néonatologie. Auprès des enfants nés prématurément, il a réfléchi aux premières étapes du développement de l'image du corps et, particulièrement, au rôle des parents à cette époque de la vie. Par les relations corps à corps avec leur bébé ainsi que par le portage psychique, le bébé s'approprie son organisme pour en faire son corps (Bullinger, 2004). Les points communs nombreux retrouvés chez les bébés et les enfants, plus âgés, de consultation souffrant de pathologies psychotiques et autistiques ont conduit Eric Pireyre à quitter l'hôpital général et à entrer au sein de l'hôpital psychiatrique pour enfants. Il exerce actuellement en unité d'hospitalisation de semaine ainsi qu'en CMPP. Les hypothèses sur l'image du corps forgées en néonatologie ont été, en partie, confortées et approfondies. Au point de publier quelques articles dans " Evolutions Psychomotrices " sur les angoisses corporelles archaïques, le morcellement, la prise de conscience du corps et l'image du corps.

Eric Pireyre enseigne la pratique psychomotrice à l'ISRP auprès des promotions de première année depuis 1998. Les étudiants découvrent avec lui et sur eux-mêmes, les grands concepts psychomoteurs. Les temps de verbalisation réservés à la fin de chaque cours ont fortement contribué, il faut le souligner, à l'élaboration de sa théorie de l'image composite du corps. En effet, les étudiants, " non malades ", acquièrent au fil de l'année la capacité de décrire verbalement et précisément leurs vécus corporels. Ces temps d'échange, de façon d'abord surprenante, montrent finalement peu de différence avec les vécus du bébé et du malade de psychiatrie.

Sur un plan conceptuel, l'image du corps est une théorie élaborée par les psychanalystes. Lacan et Dolto en furent les théoriciens les plus avancés. Lorsque l'image du corps " paraît " avec Dolto au milieu des années 80, la tâche s'avère complexe pour les psychomotriciens de l'époque dont l'objectif est alors de s'approprier sur le plan clinique la conceptualisation de la géniale psychanalyste française. Tâche complexe car Dolto place d'emblée l'image du corps dans l'inconscient. Ce " territoire " est plutôt cliniquement obscur pour nombres de psychomotriciens de l'époque. Pourtant, le décret de compétences de cette profession stipule que les psychomotriciens apportent leur " contribution, par des techniques d'approche corporelle, au traitement des déficiences intellectuelles, des troubles caractériels ou de la personnalité, des troubles des régulations émotionnelles et relationnelles et des troubles de la représentation du corps d'origine psychique ou physique ".

Par ailleurs, pour pertinente qu'elle soit, la théorisation de Dolto est clairement orientée vers la clinique des psychanalystes. C'est ainsi qu'y sont développées les notions d'image de base, d'image fonctionnelle et d'image érogène. La clinique des psychomotriciens ne s'y retrouve pas totalement. D'autant moins que, dans cette théorie, aucune place n'est réservée au Moi-peau de D. Anzieu.

Les psychomotriciens ont donc quelque chose à apporter à la conceptualisation de l'image du corps. Leur contribution s'appuie sur une pratique clinique désormais extrêmement variée, autant par les pathologies approchées que par les médiations utilisées de nos jours.

A partir de l'expérience clinique du bébé, de la pathologie psychiatrique et... du vécu verbalisé des étudiants en psychomotricité, Eric Pireyre propose une nouvelle théorie de l'image du corps. Pour tenir compte de la découverte de Dolto, l'image du corps ne peut que rester globalement inconsciente. Mais, puisqu'elle peut opérer une sorte de " retour " partiel à la conscience dans des circonstances particulières, il est proposé de concevoir l'image du corps comme composite, c'est-à-dire constituée de divers éléments. Ces sous-composants ont la possibilité de revenir, séparément, à la conscience. Ces éléments sont :

  •  

  • La continuité d'existence
L'identité
L'identité sexuée
La peauLa sensibilité somato-viscérale
Le tonus
L'intérieur du corps
Les capacités communicationnelles du corps
  • Les angoisses corporelles archaïques
  •  

    Des conséquences cliniques peuvent être proposées :

    - La place du concept de prise de conscience du corps est centrale

    - le rôle de l'immaturité neurophysiologique également

    - le développement du psychisme ne peut se faire qu'en miroir de l'immaturité physiologique. L'amnésie infantile en est peut-être l'une des conséquences.

    - certaines pathologies psychiatriques sont des fixations, au sens psychanalytique du terme, aux premiers temps de la vie psychique, ce qui ne préjuge en rien de leur(s) étiologie(s)

    - le bébé doit très probablement ressentir des vécus corporels extrêmement particuliers.

    Cette théorisation psychomotrice de l'image du corps fait appel à toutes les notions les plus récentes en physiologie et en neuroscience. Elle est conçue à partir de l'expérience des psychomotriciens. Elle est opérationnelle au quotidien, dans le contact avec le patient, quelque soient son âge et sa pathologie.

 

NASIO J-D, Mon corps et ses images, Payot.

Note de lecture par Isabelle GLIGORIC

« Comme chaque jour, vous vous êtes confronté(e) à votre image du corps, ou plutôt à vos deux images du corps : votre apparence dans la glace (belle ou beau) et l’image mentale de vos ressentis internes (le corps lourd) ».

A travers cet ouvrage, Nasio aborde la description du concept de l’image du corps par Dolto et par Lacan. Ces deux psychanalystes sont d’accord pour dire que les premières années de vie, bien qu’oubliées par l’enfant, exercent une forte influence tout au long de l’existence, dans les choix, désirs et comportements d’adultes. Dolto explique que vers 3 ans, l’enfant refoule ses sensations corporelles vécues jusqu’alors. Il s’agit des vécus de l’enveloppe extérieure du corps, de l’intérieur du corps et des orifices du corps. Ils constituent des images qui permettent d’avoir une identité propre et influencent l’investissement ou le désinvestissement de certaines parties de son corps. Pour Lacan, chaque individu ne voit pas son corps tel qu’il est réellement. Le corps réel correspond aux sensations et ressentis qui animent le corps. Il décrit également le corps imaginaire et l’image spéculaire. Enfin il aborde le sujet de la libido qui traverse et unit les images mentales des ressentis physiques et les images spéculaires.

 

FONAGY Peter, 2004, Théorie de l’attachement et psychanalyse, Ramonville Saint-Agne, Érès, titre original : Attachment Theory and Psychoanalysis, other Press (USA), represented by Cathy Miller Foreign Rights Agency, London, England, 2001.

La traduction de ce livre nous porte pour la première fois au coeur des plus récentes théories et recherches sur l’attachement. Elle sont développées par les héritiers de John Bowlby qui en est à l’origine. Peter Fonagy est psychologue clinicien et psychanalyste[1]. Dans cet ouvrage, trois aspects devraient particulièrement intéresser les praticiens de la psychomotricité.

- Tout d’abord, concernant la recherche, de nombreuses voies sont encore nécessaires pour approfondir les connaissances qui sont soulevées ici et Peter Fonagy en indique de nombreuses directions. Ce « brossage » critique et complet des divers points de vue concernant l’attachement est peu connus en France. Au fur et à mesure de ma lecture, ces recherches m’ont paru partager le domaine de compétence du psychomotricien qui travaille à partir de la relation précoce mère-enfant. La densité des informations que nous présente l’auteur sur les découvertes-clés de la recherche sur l’attachement s’y conjugue avec une clarté didactique. Comme pour toute recherche, des outils d’évaluation sont présentés pour permettre de mesurer l’attachement de manière valide et fiable. Il s’agit par exemple de la Strange Situation, conçue par Mary Ainsworth et ses collaborateurs, qui permet de mesurer l’attachement chez des nourrissons de 1 à 2 ans ; l’Adult Attachment Interview, (George et coll., Mary Main) ressemble à un entretien d’évaluation psychothérapeutique : c’est un récit de l’enfance dont la cotation de la cohérence est étroitement corrélée à la sécurité d’attachement.

- Le deuxième aspect intéressant les psychomotriciens est clinique. Le point de vue est double. Il concerne autant l’enfant que le donneur de soin. L’interaction est mise en relief. L’insécurité d’attachements de certains nourrissons étant par exemple prévisible à partir du récit des parents. Des prédictions pour le développement ultérieur peuvent aussi être faits à partir de l’attachement précoce. Les bases sensorimotrices de la sécurité d’attachement peuvent être recherchées comme facteur de protection contre une psychopathologie : n’est-ce pas l’un des moyens de l’approche spécifique de la thérapie psychomotrice ? L’angle d’approche de la sécurité d’attachement apparaît tout à fait actuel pour comprendre et traiter toute une symptomatologie contemporaine (instabilité, troubles symboliques de la pensée ou de la fonction réflexive, troubles relationnels et sociaux, états-limites …).

- Enfin, le troisième intérêt de cet ouvrage porte sur son esprit d’ouverture. La polémique entre les partisans de la théorie de l’attachement et ceux de la psychanalyse (Anna Freud était farouchement opposée à cette théorie de l’attachement) abouti à un enrichissement mutuel après une étude sérieuse de leurs convergences et de leurs divergences. L’auteur suggère d’évaluer par ces biais les progrès des patients au cours d’une psychanalyse. On comprend aussi que le sujet border line, incapable de se sentir lui-même de l’intérieur, bénéficierait plus d’une action interpersonnelle que d’une approche psychanalytique traditionnelle, silencieuse et frustrante. Ces personnes souffrent d’une difficulté à « jouer avec la réalité ». Il faut les aider à trouver cette capacité en procédant au remaniement de leur modèle interne opérant. Ce serait ce dernier qui ne leur permet pas de bien concevoir symboliquement, en sécurité, leur expérience mentale. Enfin, on croise dans ce foisonnement des noms et des idées célèbres (Winnicott, Klein, Freud, Brazelton, Anzieu, Lebovici…) ou encore les travaux récents menés en France sur ce sujet par Widlöcher, Golse, André, Missonnier, Guedeney etc., qui donnent toute son épaisseur à cette synthèse éclectique.

 

Ph. S.



[1] Membre titulaire de la British Psycho-Analytical Society. Professeur de psychanalyse au Freud Memorial, il dirige le département du Clinical Health Psychologie de l’Université de Londres. Il est aussi directeur de recherches au Anna Freud Center.

Jean José Baranes : Les balafrés du divan., Paris, P.U.F, Le fil rouge, 2003, 261 pages. Essai sur les symbolisations plurielles

 

 

 

Jean José Baranes est psychanalyste, membre titulaire de la société Psychanalytique de Paris.

Les nouveaux aspects de la clinique questionnent l’auteur qu entre en résonance de manière très intéressante avec certaines pratiques de la psychomotricité auxquelles il rend d’ailleurs hommage.

Son dernier ouvrage reflète un cheminement psychique personnel, élaboré au cours de ces temps d’analyses de " cas difficiles ". Jean José Baranes s’expose dans ce travail approfondi, en partageant des moments de cures, tant du côté transférentiel que contre-transférentiel.

La lecture des premiers chapitres nous dévoilent leur richesse après-coup. Il s’agit d’articles publiés antérieurement, depuis 1986, (notamment dans la Revue Française de Psychanalyse) et qui semblent (peut-être au début à son insu) l’avoir mené progressivement au fil des années de son exercice à la consistance de cet ouvrage abouti. On y trouvera une richesse éclectique de références fondamentales, comme celles de Piera Aulagnier, Sandor Ferenczi, Jacques Marie Lacan, D. W. Winnicott, A. Green, D. Anzieu, Joyce MacDougall et tant d’autres.

 

Ces " balafrés du divans ", sont les " patients difficiles " qui semblent devenir aujourd’hui l’ordinaire des psychanalystes. L’analyse ne marche plus avec eux comme avec de bons névrosés à qui il suffit de dire " hum " ou de garder le silence pour que se produisent des symbolisations. Ils déclenchent plutôt chez l’analyste, désillusion, non pensée ou une souffrance psychique excessive. Selon ses références, il sera possible d’en parler en termes de névrose de caractère, personnalités prégénitales, " as if  personnality ", " faux-self ", organisation border-line, structure narcissiques, anti-analysants (Joyce MacDougall), analysants-parasites, patients " cyborg " (N. Saltzman), ou dés-affectés de l’analyse. Jean José Baranes montre aussi comment le travail partagé avec ses pairs (échanges, écrits, tables rondes …) a des effets directement sur sa pratique et l’évolution de ces patients-là en particulier.

 

 

Pour Jean José Baranes, c’est la voie d’avant le langage et la représentation de mots qui est proposée aux patients, dans l’espace analytique qu’il définit comme un espace de transformation psychique. Avec ces nouveaux patients, il ne s’agit plus d’être confronté " au manque dans l’être " mais à " leur manque à être ". " Névroses du vide, troubles de la pensée, dépressions larvées, organisations psychiques où le clivage et le déni oblitèrent la possibilité du lien et de la métaphore, fonctionnements devenant anhistoriques, anobjectaux, presque uniquement occupés, semble-t-il à produire leur effet de déliaison mortifère, selon une pente qui aboutit à la désobjectalisation et au désinvestissement ".

 

 

Au cœur même de ces cures s’impose alors plus la nécessité de penser l’impossible plutôt que l’interdit. Carences de la peau, ou du contenant psychique, défaut de la représentation, voir de la représentabilité, recours à l’affect comme passeur de substitution, tels seraient quelques repères possibles dans ces pathologies du narcissisme et de l’identité. Ces nouveaux patients ne souffrent pas de trop d’interdits, comme ceux de Freud, mais " dégoulinent par tous les pores d’un sac-peau troué, ravaudé, fragile ". Ce sont des éléments cicatriciels qui affectent les bases matricielles de la vie représentative et sont activés dans toutes les situations de désinvestissement. Ces patients souffrent plus de la difficulté à s’autoreprésenter dans le plaisir, à exister, à être seuls en présence de l’analyste, que de leur sexualité infantile. Le champ de la dépersonnalisation, de l’inquiétante étrangeté et du double est donc électivement ouvert.

 

 

C’est pourquoi Jean José Baranes va mettre l’accent sur le rôle du double, du transgénérationnel et sur la clinique des adolescents. Avec eux, tout comme avec ces " cas difficiles ", la pluralité des voies de symbolisation est nécessaire, langagière, mais aussi corporelle et se déroulant dans l’espace intermédiaire. Le langage ne suffit pas devant la perte de la capacité de représentation face à l’absence. L’analyste aura donc de plus en plus à offrir un étayage transformationnel psychique à l’aide de symbolisations plurielles. Le psychodrame en est une des voies possibles. Il relève bien sûr du refoulé, mais aussi des représentations de chose, du matériau psychique dénié-clivé ou faisant irruption sous une forme insuffisamment déplacée-condensée dans le langage. Formes, rythmes, sensorialités, perceptions ou expressions infraverbales – bref, ce qui a échappé au travail de la langue et à la chanson des corps dans la relation primitive – trouve ici la possibilité de son actualisation et de sa transformation.

Pour Jean José Baranes s’opère donc aujourd’hui un autre travail avec ces nouveaux patients où l’analyste est opérateur de transformation psychique : " sorte d’artisanat mené en commun, copensé sinon même coéprouvé, s’appuyant sur une mémoire sensorielle du corps et visant à créer un espace de jeu pour le je ". C’est donc avec sa patiente que nous pouvons conclure que cette voie qu’il a ouverte vise à " remettre ses pieds dans les traces du corps ".

Ph. S.

Janine Altounian
La survivance - Traduire le trauma collectif


Préface de P. Fédida, postface de R. Kaës, Paris, Inconscient et culture/Dunod, 2000, 194 p.

 

 

Née en 1934, traductrice et germaniste, Janine Altounian s'est familiarisée avec la psychanalyse notamment en co-traduisant les œuvres complètes de Sigmund Freud et en ayant elle-même été analysée. Cet ouvrage est son deuxième recueil d'articles . Elle y remanie différents travaux publiés entre 1993 et 1998.


Janine Altounian nous présente généreusement et courageusement son témoignage de descendante de survivants et cette écriture s'impose à elle à la manière d'une cure analytique, dans les sinusoïdes d'une parole qui cherche à border les trous psychiques où les traumas ont fait effraction. L'écriture est utilisée comme une « protection civilisatrice » qui lui permet de mettre à distance ses propres « affects débordants et douloureux». Cette écriture nous a parfois été difficile à lire, mais nous avons eu le sentiment de partager et recevoir. Cette impression de manque de fluidité, provient peut-être aussi de la forme même de ces textes recomposés après coup, qui s'adressent en premier lieu, mais pas seulement, à la communauté psychanalytique. Nous comprenons après-coup l'incontournable nécessité de ce déroulement pour que la « traduction » de Janine Altounian ait sur nous des effets de transmission.

 

La lecture d'un « texte traumatique et néanmoins fondateur », le Journal de déportation d'un adolescent arménien, qui devint son père, imposa tout d'abord à Janine Altounian l'écriture de son premier recueil. Ensuite, la reconnaissance tardive du génocide Arménien par la France, a paradoxalement révélé avec violence « le mensonge qui avait été jusqu'à présent la norme ». L'analyse de cette ambivalence, entre gratitude et indignation, amène progressivement Janine Altounian à constituer ses hypothèses dans la première partie de son ouvrage. La mauvaise foi des états occidentaux guidés par des questions d'intérêts contribue à engendrer un sentiment d'inexistence chez les descendants de survivants arméniens. Paradoxalement le pays d'accueil constitue le tiers indispensable à la symbolisation du trauma par un effet de transfert. Dans la culture d'accueil se parle une autre langue qui n'est pas « frappée d'inexistence ».

 

L'emprunt de la langue d'adoption permet alors « le travail libérateur du deuil ». Comme « autre » de l'étranger, elle marque une séparation indispensable, humanisante et génératrice des différences fondamentales entre soi et l'autre, entre les sexes et les générations. Cette langue permettrait de traduire le vécu non restituable dans la langue maternelle amputée. C'est par cet emprunt que « l'héritier d'un crime impuni peut s'engager dans ses conflits d'ambivalence » et dénoncer les contradictions de l'humanisme de cette culture d'accueil. Ce que nous décrit Janine Altounian ressemble à s'y confondre au transfert fait sur l'analyste. Ce transfert est le moteur de la cure et finira « liquidé » quand l'accession à la parole aura permis à l'analysant de se dégager de ce qui l'encombrait, achevant d'inscrire le sujet dans une identification et une différenciation dynamique sans déni de son histoire propre et collective.

 

C'est ainsi que nous avons compris le concept de « survivance » que Janine Altounian définit comme « une stratégie inconsciente que les survivants d'une catastrophe collective et leurs descendants mettent réciproquement en place, pour reconstruire sur pilotis les bases précaires d'une vie possible parmi les « normalement » vivants du monde où ils ont échoué. (...) La survivance serait en quelque sorte l'art de traduire et de réensemencer des restes chez ceux dont l'adhésion spontanée aux illusions culturelles qui enveloppent le goût et le désir de vivre est devenu dérisoire ».

 

Malgré cette position optimiste, Janine Altounian n'ignore pas les risques d'idéalisation de cet « autre » accueillant, ni les impasses de notre siècle et toutes ses exterminations. Si comme le souligne Bernard Dorey , elles sont le signe d'un processus de désymbolisation plus vaste encore, le phénomène de survivance que nous donne à penser Janine Altounian s'y oppose, comme expression de la pulsion de vie, vecteur de traduction, de transmission et d'humanisation.

 


Dans la deuxième partie, Janine Altounian fait appel à d'autres écrivains aux prises avec les questions du deuil, de l'effondrement psychique, des catastrophes, de l'exclusion, de l'exil, de la condition d'apatride, de l'oppression et de l'esclavage. L'idée directrice de Janine Altounian pourrait s'énoncer ainsi: l'écriture est un travail de pensée et de nomination qui permet de parler pour tous ceux dont l'héritage les a fait naître « muets », en recréant un espace de lien social. Ce tiers symbolique manquait à la génération précédente qui était exclue de la culture. Il ne reste de la transmission transgénérationnelle suspendue que la proximité traumatique du silence. « L'écriture est ce qui lie les générations entre elles lorsque leur désastre aboutit à qui sait les traduire ».


Chez les exclus et les survivants des catastrophes, le langage d'un monde vivant où l'échange symbolique avec les autres est animé par la « gratuité des jeux et des métaphores », a cédé la place aux carences de mots, de sens, de légitimation. Les deux voies qui leur permettraient alors de sortir du déni d'existence seraient celles de « l'école de la cité » et du travail de la psychanalyse, lieux où l'on apprend à manier le langage, à écrire, échanger et traduire, à penser.


Janine Altounian nous amène donc à penser à quel point ce qui est visé dans les meurtres de masse c'est le pacte symbolique entre les hommes, la Culture (durant le nazisme, les autodafés en ont bien témoigné). Son approche complexe permet de repérer la fragilité de ce tissage psychique entre l'individuel et le social : l'effraction menace notre civilisation. Le génocide arménien se traduit donc sous la plume de Janine Altounian tant par la particularité de son fil que sa solidarité avec la trame de son tissage au collectif en prise avec la cruauté. Celle-là même dont a parlé récemment le philosophe Jacques Derrida en se demandant « s'il existe un au-delà de cette pulsion de mort, un au-delà de cette pulsion de cruauté ».

 

Nous comprenons donc que ce difficile exercice de dénouage paraisse parfois très condensé, pressé par l'énergie de l'auteur à chercher, à traduire et à transmettre. Sa démarche est d'actualité et mérite d'être accessible à un plus large public.
PH. S.

 

 

Le dessin et l'écriture dans l'acte clinique

De la trace au code . 2011, Éditeur : MASSON

Coordonné par : Charlotte Marcilhacy

 

À l'heure où nouvelles technologies et multimédias réinterrogent en profondeur le rapport du sujet à la trace, écrite ou dessinée, ce livre témoigne, à partir de nombreuses vignettes, de la richesse de ce matériau, de sa pertinence, et des enjeux réactualisés par son trait dans l'acte clinique.

À travers des situations variées et complémentaires (évaluation, examen psychologique, consultation, psychothérapies à médiation corporelle, verbale, de groupe, etc.), des praticiens, enseignants et chercheurs dans le champ de la clinique, montrent comment l'outil graphique, support d'observation, d'élaboration psychique et d'interrelation thérapeutique, est susceptible d'accompagner et de soutenir leur pratique.

Du sensori-moteur mis en acte dans les premiers tracés jusqu'à l'écriture verbale, en passant par le dessin figuratif, l'utilisation clinique de la trace, dans son rapport au corps, à l'image, au langage et à la symbolisation, redonne la pleine mesure au travail de subjectivation et à la relation transférentielle dans laquelle elle se tisse.

Fondés sur l'expérience de cliniciens intervenant auprès d'enfants et d'adolescents, tous les thèmes abordés (graphothérapie, squiggle winnicottien, etc.) enrichissent la démarche de soin.
En articulant théorie, clinique et technique, cet ouvrage offre une meilleure compréhension de ces instruments que sont le dessin et l'écriture.
Ce livre s'adresse à des psychologues, thérapeutes et étudiants, ainsi qu'à tout professionnel intéressé par l'approche clinique et thérapeutique de l'enfant et de l'adolescent à travers la médiation graphique.

 

I - Le dessin : instrument projectif, de médiation et communicationnel.

1. Stades graphiques, stades de la représentation du personnage chez l'enfant et différences filles/garçons.
2. Réflexions autour de l'utilisation du dessin dans l'examen psychologique.
3. Mouvement / trace / dessin : le sillon de la symbolisation.
4. L'enfant, le dessin et le transfert.
5. Un jeu de dessin et d'histoire.
6. Dessins d'enfant et pédopsychiatrie de liaison.
7. L'approche transculturelle des dessins d'enfants : quelques considérations de méthode.
II - De la trace à l'écriture : perspectives cliniques.
8. L'écriture : une inscription qui noue le langage au corps.
9. Jeux trace. Je trace puis j'écris.
10. La graphomotricité : tonus, traces, expression gestuelle graphique.
11. Quand Calvin et Hobbes bousculent les enfants " dysharmoniques ".
12. Place du dessin et de l'écriture dans les investissements de l'enfant .
13. L'espace d'écriture : de l'expression à la symbolisation.

FICHE TECHNIQUE :
ISBN : 978-2-294-70425-3
Date de parution : 5/2011
Format (l x h) : 145 x 225 mm
Référence : 470425
Nombre de pages : 256

 

On devient comme on dessine : l’atelier d’expression graphique, Evelyne Odier, cndp collection idea, Grenoble, 2003

Se construire par les arts plastiques, l'atelier d'expression graphique, Savoir communiquer, chronique sociale, 2007

 

l’art-thérapie

Au travers du regard d’une art-thérapeute, voici l’opportunité de découvrir la médiation particulière que sont les arts plastiques.

Evelyne Odier, professeur de peinture et auteure du livre, On devient comme on dessine : l’atelier d’expression graphique, intervient auprès d’enfants et d’adultes atteints de handicap mental, de troubles du comportement.

Professeur de peinture à l’Atelier des 36 outils son but n’est pas l’interprétation des mécanismes psychiques qui sous-tendent les productions artistiques mais l’expérimentation et l’intégration de nouveaux gestes et sensations. Elle souligne que la toile est un lieu d’expression personnelle fournissant des pistes de travail très variées. Son outil de travail, en tant que professeur, est non pas l’interprétation mais la reformulation de ce qu’elle voit et de ce qu’elle comprend des productions. Pour elle, la solution se trouve dans l’image. Elle prête une attention particulière à la qualité du geste ou au choix des couleurs. La reformulation, teintée d’empathie, s’effectue toujours au premier niveau de conscience, c’est-à-dire sans jamais verbaliser ce qui relèverait d’une problématique inconsciente. Cela facilite une première mise à distance de l’émotion. En procédant ainsi, elle propose un cadre au dessinateur. Il peut alors approfondir les techniques graphiques par le biais d’une fiction sécurisante, lui permettant de s’éloigner d’une éventuelle mise en danger. Cette médiation peut également servir à compenser les manques de la vie réelle, par la représentation d’un rêve par exemple. L’apprenti dessinateur comprend ce qu’il dessine quand il prend conscience qu’un dessin est un ensemble de parties qui s’articulent entre elles. Il est alors capable de se détacher du modèle, dans sa texture, dans sa perspective ou dans sa densité. Il peut représenter le plausible en s’éloignant du modèle et ainsi accéder à une certaine autonomie. L’objectif vise à transposer peu à peu cette autonomie à la vie du sujet.

E. Odier assure que dessiner plusieurs personnages en lien les uns avec les autres, est l’amorce d’une changement désiré dans la vie réelle. La trace est le prétexte d’une relation entre le Moi et le spectateur.

Tout en s’adaptant à la pathologie de son élève, E. Odier tient à proposer les mêmes exercices pour tous. Son atelier accueille souvent des personnes angoissées par l’approche psychologique. Le fait d’assurer à l’élève peintre que son œuvre ne sera pas interprétée, faciliterait la remise en contact du sujet avec lui-même.

Le dessin n’est pas thérapeutique sans le travail actif d’accompagnement, d’anticipation et de verbalisation du thérapeute.

 

Ph S : soirée débat à l’ISRP avec E Odier présentant son livre en 2004



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© Philippe Scialom

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